Depuis ce samedi 18 Juin, quelque chose a « bougé », « noirci », changé à jamais au niveau de la « Force Musicale » qui régit du quotidien l’équilibre (encore) fragile, de notre magasin. Tout à coup, l’espace « Bruce Springsteen and The E Street Band » – recélant moult raretés et autres « collectors » attachés aux basques de 40 années de musique et prestations « live » dantesques, orgasmiques, hors nomes ! – a semblé se figer et suspendre momentanément son vol, pour mieux se recueillir, penser à lui, et se souvenir, juste.
Il était plus qu’un souffle, bien mieux qu’une légende, au-delà du musicien constamment consacré au coin des soli de SA légende (« Jungleland », « Drive All Night », « Badlands », « Kitty’s Back », « Spirit In The Night », ou « 10th Av. Freeze Out ») un être d’une rare humanité, nanti d’un ample sourire : étincelant, quasi perpétuel, aligné de blanc en rangées rectilignes ; bien plus qu’une vie en suspens accrochée de longue à son éternel saxophone, il était l’AUTRE élément, LE contrepoids (de poids !) nécessaire, LA pointe supérieure du triangle d’or – Roy, Little Steven, « CC » – LA couleur de peau soudainement remise à niveau, l’olive dans la cocaïne, ce fameux « Roi du Monde ! » présenté chaque soir comme l’alternative unique (brillante) mise en avant face aux petits travers humains « US » alors encore indexés sur la peur de l’autre, le racisme ordinaire, rampant, inepte, imbécile.
40 années passées à recueillir son souffle de plaisir, postés au coin des scènes de tous hémisphères, en faisant nos yeux à l’égale de soucoupes, sourires niais en sus, en attente de quelques échos graves en provenance directe de cette voix hors du commun, capable à elle seule de nous faire piquer du nez sur le poignant « If I Should Fall Behind », ou de nous faire sauter ENCORE plus haut, sur le festif, le « bride abattu » et dépenaillé « Out In The Streets »…
Toujours digne, toujours présent : « je n’ai jamais manqué UN SEUL concert du E Street Band en 40 années… » (répétait-t-il à l’envi, lorsque l’on venait à s’inquiéter de la lente, mais inexorable, dégradation de son état physique général…) il avait pris pour habitude de se sublimer, de dépasser la douleur pour être encore, pour tenter de rester à jamais ce fameux roc de légende sur lequel le « Boss » avait pris pour habitude de s’appuyer : à l’image de cette mythique photo de couverture de l’incontournable et toujours amplement recommandé « Born To Run » !
Aujourd’hui, la famille de la Rue « E » (et la sienne, au civil, au privé) est en deuil, tandis qu’une petite parcelle de notre vie à nous, vient également de s’éteindre, de rendre l’âme, de se dissoudre dans le grand « tout » qui régit nos vies et envies de beauté.
Clarence Clemons est mort ce samedi : lors, jamais plus nous n’entendrons monter, depuis la foule massée à ses pieds, cette étrange clameur, dorée au respect « fin », qui succédait depuis 40 années à chacune de ses interventions scéniques ! Rien que pour cela, quelque chose de modifié en nous, et au delà, il subsiste, et restera à jamais, désormais.
Ce samedi à partir de 17 h 30, le magasin Massilia Records accueillera à bras ouverts les fans, clients fidèles ET sympathisants du « Big Man », de ce saxophoniste regretté au cursus musical plus épais que l’annuaire complet des « reculades » et « renoncements » de notre actuel gouvernement ! Afin de se rencontrer, juste, afin de partager de l’anecdote, d’écouter, échanger et se souvenir en MUSIQUE, afin de rendre hommage à celui qui nous aura fait vibrer, qui aura « habité » et « coloré » à jamais LA musique de son ami, idole, et musicien le plus cher : Bruce Springsteen !
À samedi !
J2C
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